Tours, à proximité du Jardin botanique
La ville de Tours connut de nombreuses épidémies de peste à l’époque moderne. Elles survinrent d’abord tous les 10 ans entre 1470 et 1500, puis tous les 5 ans entre 1500 et 1510, pour finalement revenir tous les ans de 1510 à 1522. Elles furent, par la suite, plus sporadiques et revinrent de 1529 à 1532, 1545 à 1552, 1563, 1581 à 1583 et enfin de 1595 à 1597 [Viel & Huard, 1996, p. 828].
En 1518, alors qu’une nouvelle flambée épidémique s’empare de la ville, la municipalité décide de faire construire un nouveau centre de soins hors les murs. La maladrerie de Saint-Lazare, située à l’ouest de la ville et qui accueillait jusque-là les lépreux et les patients atteints de maladie contagieuse, était devenue trop petite pour faire face aux nouvelles poussées épidémiques. Le sanitas est alors installé le long du ruau Sainte-Anne, dans la paroisse de Notre-Dame-la-Riche, à proximité de l’emplacement de l’actuel Jardin botanique. Pour financer cette coûteuse infrastructure, Tours décide de faire appel à l’un des hommes les plus riches et influents de son temps, Jacques de Beaune. Tout juste nommé surintendant des finances, il n’hésite pas à faire un don de 1500 livres pour la construction de cet établissement de santé publique [Hamon, 2011]. Construit en bois à partir d’avril 1520, le bâtiment permet d’isoler les malades auprès desquels sont déléguées quatre personnes désignées par la ville pour prendre soin d’eux. Ces personnes étaient distinguées par un vêtement particulier, à savoir une robe mi-partie blanche et noire [Chalmel, 1818, p. 234]. Pour les assister sont désignés un prêtre, un barbier et un apothicaire.
En accompagnement de la construction de lieux de soin comme le sanitas, la ville prend également des mesures pour tenter d’endiguer la maladie. Elle interdit notamment l’accès à la cité aux étrangers. Dès 1530, elle engage deux chirurgiens et deux apothicaires pour soigner les malades, mais également des porteurs vêtus de rouge qui conduisent les maladies dans les sanitas et qui enterrent les morts [Vons, 2012, p. 360].
La ville accueille quelques grands noms de la médecine de la Renaissance. Parmi eux figure Nicolas de Nacel en exercice à Tours de 1570 à 1587. Il est l’auteur d’un Traité sur la Peste directement adressé aux « messieurs de Tours » présentant les mesures que la ville doit prendre face à la maladie comme la désinfection des lieux ou de l’air, ou encore la propreté des rues. Il détaille également le régime alimentaire qu’il convient de prescrire aux patients pour favoriser leur guérison [Vons, 2012, p. 360].
En 1655, le sanitas est converti en hôpital général de la Charité (aujourd’hui l’hôpital Bretonneau) afin d’accueillir les mendiants de Tours et des faubourgs [Audin, 2009, p. 128].
Bibliographie
Audin Pierre, « Tours au temps du roi Louis XIV (1650-1700) », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 55, 2009, p. 117-131.
Chalmel Jean-Louis, Tablettes chronologiques de l’histoire civile et ecclésiastique de Touraine, Tours, Letourmy, 1818.
Giraudet Eugène, Histoire de la ville de Tours, T. 1, Tours, 1883.
Hamon Philippe, « Semblançay, homme de finances et de Conseil (v. 1455-1527) », dans Les conseillers de François Ier, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011, p. 117-130.
Viel Claude & Huard Catherine, « Thibault Lespleigney et René Bretonnayau, deux personnalités marquantes du monde médical tourangeau à la Renaissance », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 44, 1996, p. 827-842.
Vons Jacqueline, « Les lieux de soins à Tours sous l’ancien régime », dans Histoire des sciences médicales, T. XLVI, no4, 2012, p. 357-365.